samedi 8 décembre 2007

L'Eglise Evangélique Luthérienne au Cameroun et l'engagement diaconal: Quels bilan et perspectives ?


L’Eglise Evangélique Luthérienne au Cameroun et l'engagement diaconal :
Quels bilan et Perspectives ?
Par Joseph Harouna
Prof. Enseignement Normal II

La fonction première de l’Eglise Evangélique Luthérienne au Cameroun comme bien d’autres églises, celle qui fait son identité propre est d’annoncer la Bonne Nouvelle proclamant Christ et le salut qu’il apporte au monde. L’Eglise a compris que le véritable développement se définit non pas en termes de conquête de l’homme, mais plutôt en termes de construction de celui-ci. Elle a compris à la suite aux missionnaires évangéliques, que le développement n’a véritablement de son sens que s’il est susceptible de libérer l’homme de son ignorance pour restaurer sa dignité en cette qualité.
En effet, ce qui est à éviter, c’est d’arriver à un stade où l’être se laisse absorber par l’avoir » comme le dit un penseur africain.
L’EELC devrait donc jouer un rôle mobilisateur des consciences afin de construire un type d’homme capable de mener avec efficacité et efficience les projets de développement.
Cependant, l’Eglise comme corps du Christ ne peut s’arrêter au seul niveau de la proclamation de la Parole. Elle a le devoir de s’occuper du service du prochain pour matérialiser la Parole relative à l’amour du prochain. Il faut s’occuper non seulement de l’âme et de l’esprit, mais également du corps et de son bien-être des fidèles. L’évangile de la pauvreté est à proscrire formellement mais également l’évangile de « dieu richesse matérielle ». La proclamation de la Parole doit se traduire par des actes concrets d’amour visant à soulager l’homme de ses misères atroces. Ainsi la Foi et l’action doivent se donner la main pour construction du genre humain. Tel est le fondement de l’engagement de l’Eglise dans le processus de développement à travers les œuvres de diaconies. Le problème aujourd’hui est de savoir l’engagement pris dans ce labyrinthe a fait l’objet d’un bilan positif. Autrement dit, les œuvres de témoignage chrétien, telles les écoles, la santé, le développement communautaire, etc., ont véritablement rempli leurs fonctions et mission.
Les œuvres diaconales ont été conçues et mises en place afin de servir moyens par lesquels l’Eglise atteint l’homme dans ses difficultés de tous les jours pour lui montrer la grandeur de l’amour de Dieu manifesté en Christ et lui permettre de s’approcher du Créateur !
Au début, ces manifestations ont été une réalité ; mais l’époque post-missionnaire nous enseigne que l’existence et surtout le fonctionnement des œuvres de diaconies conduisent facilement à un contre-témoignage du Christ ressuscité. Prenons deux exemples pour illustrer notre propos : l’œuvre médicale et l’œuvre scolaire.

L’ŒUVRE DE SANTE DE L’EELC:

L’impression générale que l’on a de ces structures sur les plans administratifs, économiques, social, humain, éthique et spirituel, est celle d’une dégradation de l’organisation et l’architecture initiales de cette œuvre, malgré des gros efforts déployés tous azimuts à travers divers projets.
Malgré les rentrées réelles des ressources financières, le personnel continue de faire face au problème des arriérés de salaire qui se chiffrent à des dizaines de millions de francs CFA. La qualité du service et d’accueil laisse à désirer ; la mauvaise gestion, l’indiscipline, le manque, l’insuffisance et l’exode du personnel sont légions.

L’ŒUVRE SCOLAIRE DE L’EELC :

C’est la même réalité mais aggravée que l’on peut rencontrer au niveau de l’œuvre scolaire. La situation est plus alarmante. Malgré les mesures de redressement mises en place à travers des projets, les résultats escomptés ne suivent pas. Les arriérés de salaires, de cotisations sociales et fiscales continuent de s’accumuler ; les résultats scolaires sont en baisse ; la politique de contractualisation des instituteurs au niveau de l’Etat constitue un coup de grâce assené à l’œuvre scolaire. Tous les enseignants formés et donc qualifiés sont partis à la fonction publique.
Ce qui reste comme enseignant continue de souffrir des manques et/ou insuffisance des salaires et des intrigues de service auxquelles se livrent certains cadres du Secrétariat à l’Education avec la complicité de l’Eglise. L’œuvre scolaire est devenu un lac où pêchent des enseignants et cadres administratifs mercenaires et le champ de l’utilitarisme égocentrique des cadres administratifs irresponsables. Comme conséquence logique de ce tohu-bohu, il se produit un effet de boomerang susceptible d’exploser à tout moment. Les infrastructures sont en état de ruines avancé ; les matériels didactiques manquent cruellement, malgré les efforts fournis pour le projet EIM. Car les responsables d’écoles ne les utilisent pas, mais les revendent !
Au plan spirituel, presque 90% du personnel devient de plus en plus athée, le cas du Collège étant plus alarmant.
En définitive, le bilan objectif sans passion et en termes du service rendu au prochain, est plus négatif que positif. Il y a dans les œuvres une totale absence de contrat de performance par lequel l’on pourrait juger de l’efficacité et de l’efficience des actions et du personnel commis aux objectifs globaux et spécifiques de l’Eglise. Quand on ajoute à cela les intrigues de toute sorte, la réalisation de tout l’homme et tout homme comme finalité de l’Eglise ne peut qu’en pâtir !
A qui la faute, selon vous ?
(Bien vouloir appeler le : (+237) 99 08 17 11/(+237) 77 47 28 18 ou écrire au : josharouna@gmail.com )

Joseph Harouna
Professeur d’ENI

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